Dépendance des personnes âgées : la Réalité Virtuelle pour les accompagner
La réalité virtuelle va t-elle changer le degré de dépendance des personnes âgées ?
Il y a quelques années déjà que la réalité virtuelle a fait son entrée en santé. Chaque jour, de nouvelles applications sortent afin d’améliorer le quotidien des soignants et des patients. Tous les domaines médicaux sont concernés et nous assistons au début d’une révolution dans bien des secteurs. Les casques mobiles, tels que le Gear VR par exemple, ont permis l’accélération de la démocratisation de cet outil auprès des patients et même les plus vieux. Enfin, l’arrivée des casques autonomes, tel que l’Oculus GO a définitivement permis un tournant dans cette gamme d’applications.
En effet, depuis quelques temps, de plus en plus d’applications sortent à destination du bien-être de nos doyens. Voyages souvenirs, voyages rêvés, découvertes du monde, lieux insolites, le choix d’applications est large et les enjeux tout aussi intéressants. Revenons ensemble sur ces soins d’accompagnements « new-age », et notamment auprès des personnes âgées.
Constat de la dépendance des personnes âgées
Les personnes de plus de 65 ans représentent aujourd’hui plus de 20% de la population et la tendance serait à l’augmentation. Il est un fait : nous vivons de plus en plus vieux. Si notre santé nous permet de vivre plus longtemps, des troubles sévères peuvent accompagner ces grands âges. Les institutions diverses pour personnes âgées sont aujourd’hui le dernier recours à des situations de soins très complexes.
Pour autant, des problèmes de tailles s’imposent qui ont attiré l’attention des créateurs de contenue en réalité virtuelle. L’un des premiers problèmes est le manque de mobilité qui va rapidement induire une désociabilisation. Puis l’isolement va faire baisser les capacités cognitives et l’autonomie. Peu à peu, c’est un cercle vicieux qui s’installe. Si les premiers réflexes de soins s’axent à domicile, le manque de personnel soignant n’est pas suffisant pour la personne en manque de contact et de stimulation. Quand survient l’institutionnalisation, les personnes âgées sont déjà dans un état de dépendance très avancé.
Si le tableau semble noir, des solutions se sont mises en place en institutionnalisation complète comme en accueil de jour : jeux, atelier d’éveil corporel, atelier mémoire… C’est dans cette mouvance que les animations vont aujourd’hui faire appel à la réalité virtuelle pour aller encore plus loin.
Choix des armes : opter pour la réalité virtuelle
Le principal casque utilisé dans le domaine est l’Oculus Go. Léger, confortable, il est simple et intuitif dans son utilisation. Le choix du matériel est toujours important lorsque l’on parle de réalité virtuelle en santé. Dans le cas des personnes âgées, l’outil doit être simple. Si c’est une génération qui a vécu l’arrivée de la technologie, elle n’y est pas encore habituée et l’utilise encore peu voire pas pour certains. La légèreté et le confort sont également à prendre en compte pour des personnes pour lesquelles le corps devient doucement une prison douloureuse.
Enfin, les mouvements sont encore peu pris en charge dans la plupart des applications à destination des séniors. Pour le moment, il n’est donc pas nécessaire d’avoir des outils avec un « tracking » positionnel. L’Oculus Go, qui rappelons le n’est équipé que d’un gyroscope et d’un accéléromètre (la base d’un casque de réalité virtuelle), se prête donc parfaitement à ces utilisations.
En effet, la plupart des applications dans le domaine gériatrique sont des applications que l’on pourrait qualifier de « sortie de patients ». Le but est simple : créer l’évasion, le souvenir. Pour cela, on emmène le patient en voyage. Les lieux sont toujours encrés dans le réel, capturés par des caméras 360° et accompagnés de sons ambiants ou de musiques douces. C’est sur ce principe que fonctionnent, par exemple, les expériences FeelU ou Lumeen.
Les enjeux
Mais les enjeux de telles applications vont bien plus loin que la simple attraction touristique dématérialisée. En effet, outre l’émotion du souvenir ou la surprise de la nouveauté, il y a derrière ces applications d’incroyables possibilités.
Le syndrome de glissement est un diagnostic infirmier souvent posé dans les établissements d’hébergement pour les personnes âgées en dépendances (EHPAD). La personne isolée, épuisée, douloureuse, perd doucement l’envie de vivre et se laisse dépérir. Lorsque que ce syndrome est installé il est très compliqué à enrayer.
Dans cette optique, on peut considérer que l’apport des applications en réalité virtuelle peut permettre de combattre plusieurs aspects de de ce syndrome. Des expériences permettront de lever l’isolement social et de recréer loisirs et interactions. L’apport de sortie souvenirs va aider le patient dans ces processus de mémorisations et de deuil. Enfin, ces applications de sorties, parce qu’elles permettent la distraction, sont de bons outils pour faire oublier quelques temps l’anxiété ou la douleur.
Pour cela, il est cependant évident que l’application seule n’est pas suffisante. C’est bien le contact humain et l’échange qui entoure l’expérience qui sont le moteur de ces enjeux. Car on l’oublie trop souvent, la réalité virtuelle, comme toutes les technologies, est un outil et non un but en soi. Ainsi, l’animation qui entoure le voyage immersif est toute aussi importante que l’immersion elle-même.
Enfin, on peut imaginer que la réalité virtuelle, outre ces applications, pourrait être utilisée sur un plan rééducatif afin de stimuler le mouvement ou la préhension. En modélisant un environnement familier, et en utilisant des principes ludiques, on peut imaginer redonner de l’amplitude à leurs mouvements, et leur permettre de retrouver des sensations positives dans leur corps. Des recherches sont également en cours dans le domaine des troubles visuels.
Résultats sur la dépendance des personnes âgées
Et les résultats sont là. Les personnes âgées ayant eu la chance d’essayer ces outils ont été transportées. Les témoignages sont aussi positifs
qu’encourageants. Ces dispositifs étant assez récents, les études sont encore en cours. Mais les retours des résidents sont positifs. Ce sont des moments plaisants, des moments d’échanges qui leur font sensiblement du bien.
Physiquement, on observe une baisse de la pression artérielle ainsi qu’une baisse de l’anxiété. Les traitements, notamment psychoactifs, sont diminués et la motricité et la communication sont améliorées.
Si ces critères évoluent positivement, on peut alors espérer que des syndromes comme celui que nous évoquions plus haut, pourront être évités voire même traités. Car le but de cet outil est ici clair : obtenir une meilleure qualité de vie pour les seniors.
Cas particulier de la fin de vie
Enfin, ce type d’application n’est pas utilisé que dans le cadre gériatrique. En effet, certains services de soins palliatifs ont trouvé dans ces expériences de « sortie de patients » un allié de choix. Le principe est identique : aider les patients en fin de vie à avoir une meilleure qualité de vie sur le temps qu’il leur reste. Lorsqu’un patient apprend qu’il est condamné, c’est un véritable bouleversement.
Aux soins, souvent douloureux, d’un corps meurtri par les traitements, s’ajoute une anxiété nouvelle. L’espoir n’est plus permis et le patient doit faire face à ses peurs ainsi qu’à des émotions extrêmes, les siennes comme celles de ses proches. C’est une étape difficile qui demande un accompagnement spécifique.
Sur le même principe que pour les personnes âgées, les patients sont souvent en milieu hospitalier depuis un long moment, sans perspective de rentrer chez eux. Pour les patients hospitalisés à domicile, l’environnement familier a été médicalisé, et donc a perdu de son côté rassurant. Grâce à ces applications, l’évasion est possible.
Le patient peut alors, se remémorer ses vacances préférées et partager avec ses proches ses souvenirs heureux. Il peut voyager dans le pays qui l’a toujours fait rêver. Ou même, simplement retrouver la tranquillité et le côté rassurant de son domicile.
S’il est évident que le résultat sera moins efficace sur le long terme, le court terme l’est tout autant. Le patient peut trouver des moments de calme et de détente, pour évacuer ses peurs et se libérer de l’anxiété et de la douleur. La réalité virtuelle devient alors un outil précieux pour aider les patients à partir dignement.
Un outil vraiment utile
La réalité virtuelle nous bien montre qu’elle peut améliorer le quotidien des personnes âgées en dépendance de façon durable. C’est un outil qui, loin d’enfermer les personnes derrière un casque, permet d’ouvrir leur regard sur le monde et de développer des liens sociaux qui sont capitaux aux personnes âgées. Les voyages immersifs font leur début dans le milieu médical et déjà c’est un succès. Les premiers résultats sont bons et encourageants. Cette activité ne demande qu’à se développer et il est évident qu’elle aidera dans leurs dernières années comme dans leurs derniers moments, beaucoup de personnes.