Le drive en biologie médicale : survivra t-il à l’après Covid-19 ?
Nous connaissions déjà le drive dans la restauration rapide, la grande distribution ou encore dans le commerce de proximité. Mais voilà que cette pratique largement plébiscitée par les Français, considérés comme que les champions d’Europe du drive, arrive dans les laboratoires de biologie médicale. Cette nouvelle pratique qui a pris naissance en France en pleine période COVID 19 a chamboulé les codes d’accueil des patients. Elle a permis de conserver une distanciation sociale nécessaire en période d’épidémie. Mais peut-on parler réellement d’une nouvelle pratique sur le long terme ? Ou s’agit-il simplement d’un phénomène éphémère qui s’impose de lui-même en période de crise sanitaire ?
Le drive en biologie médicale, une pratique de différentiation et de fidélisation
En matière de biologie médicale, les innovations sont nombreuses. Ces dernières concernent principalement le matériel pré analytique, analytique ou post analytique. Mais que très rarement le rapport qu’un laboratoire entretien avec sa patientèle. Il y a certes de nouvelles pratiques d’accueil qui émergent au sein de certains groupements de laboratoires. Mais ils sont souvent liés à la nécessité d’harmonisation des pratiques médicales et de marketing et communication.
Le drive arrive également dans un secteur d’activité de plus en plus concurrentiel ou la fidélisation des patients devient un enjeu majeur des biologistes. Le regroupement intense et constant des laboratoires créé de fait de supers structures qui doivent trouver de plus en plus des leviers de différentiation et de fidélisation.
Le Covid19, accélérateur d’innovation
La crise sanitaire du Covid19 a bouleversé les pratiques établies en un temps record. Preuve s’il fallait une, que le monde de la biologie sait réagir rapidement et efficacement aux enjeux qui se dressent devant lui. Le drive s’est sûrement imposé de lui-même tant ses avantages sont nombreux : Distanciation sociale, augmentation du nombre de prélèvements, sécurisation sanitaire de la patientèle ou encore gain de productivité.
Le drive en biologie médicale, un confort patient indéniable
Il y existe également un avantage indéniable, celui du confort du patient. Ce dernier se retrouve en effet dans un cadre qu’il connait et qu’il maîtrise. Le stress et l’appréhension induis par un examen médical même minime, se voient donc largement réduit. L’acte médical passe même au second plan tant l’expérience est novatrice et confortable pour le patient. Le drive devient une véritablement une nouvelle manière de consommer. Le patient ne recherche pas uniquement un résultat. Mais surtout la façon la plus simple et la plus pratique pour lui de l’obtenir. Ainsi, le drive en biologie médicale s’inscrit dans un schéma de valorisation et de modernisation de l’image perçue pour un laboratoire.
Le drive en biologie médicale, une pratique qui s’adapte à tous les prélèvements ?
A première vue, le drive parait principalement adapté pour des examens peu invasifs. Dans le cas du coronavirus, c’est le test virologique nasopharyngé par écouvillon qui a fait le succès du drive. Toutefois, si cette nouvelle pratique se confirme dans le temps comme en Corée du Sud ou au Japon, nous pourrions imaginer à court terme, une série d’accréditations spécifiques aux examens pratiqués en drive.
Toutefois, avant d’arriver à cette hypothétique généralisation du drive, il faut d’abord faire face à de nombreuses contraintes.
Gérer l’affluence patients
Premièrement, l’affluence des patients au volent de leur véhicule pose la question de l’accessibilité de la zone de prélèvement. Si les laboratoires sont très largement pourvus de parking, ils ne peuvent cependant pas accueillir un flot de véhicules en continu sans troubler la façon plus ou moins importante la circulation. Cependant, le drive permet la délocalisation de la zone de prélèvement vers un lieu plus adapté à une forte circulation. Ce fût le cas entre autre pour de nombreux laboratoires du groupement Cerballiance et Biogroup qui après avoir obtenu l’autorisation de plusieurs municipalités ont pu accueillir les patients dans des endroits plus adaptés réalisant ainsi jusqu’à 300 prélèvements par jour.
Assurer de bonnes conditions d’hygiène
Deuxièmement, le drive ne doit pas faire baisser la qualité des conditions d’hygiène et de sécurité du personnel et des patients. Difficile, en effet, d’imaginer un prélèvement sanguin réalisé correctement à la fenêtre d’un patient et pourtant… Certains prélèvements, d’urgences sont, dans la majorité des cas, sont d’ores et déjà pratiqués dans des conditions souvent bien plus complexes et donnent des résultats somme toute de même qualité. Si le drive venait à persister dans le temps, les industriels et fournisseurs de matériel médical sauraient à coup sûr s’adapter à cette pratique et penser des solutions garantissant la sécurité et la fiabilité des prélèvements.
Conclusion ?
Si le drive est pour le moment une pratique marginale en biologie médicale. C’est une pratique qui apporte un autre regard à la profession. Le drive transforme et réinvente le contact entre le praticien et son patient. Sans le distendre, il renvoie une image moderne et novatrice. Il prend en considération les nouvelles attentes des patients et des consommateurs en règle générale.
Cette pratique pourra également, à terme, lutter contre la désertification de certains territoires. Elle pourra aussi renforcer l’action des infirmières libérales dans des zones en manque d’infrastructures pérennes. Ne serait-ce donc pas le moment de faire le choix du drive comme nouveau modèle de développement ? Affaire à suivre…