Réalité virtuelle médecine : tour d’horizon des pratiques médicales
La réalité virtuelle médecine est un sujet aujourd’hui très large. Pourtant, cet outil a longtemps été développé dans l’ombre. Beaucoup de personnes le croient tout jeune mais les premières recherches dans le domaine remontent aux années 50. Pour autant, il n’est sorti de son coin que pendant cette dernière décennie et son utilisation dans le médical est d’autant plus récent.
En effet, c’est le domaine du jeu vidéo et du divertissement qui s’en est emparé le premier. Le monde de l’industrie et du commerce aura suivi talonné par la santé. Et depuis 2017, c’est l’explosion. Chaque mois offre son lot d’applications et de découvertes dans ce secteur toutes activités confondues, de la formation en chirurgie à l’application de détente pour les personnes âgées. Dans un monde en pleine évolution, il est donc bon de prendre un moment pour faire le point concernant la réalité virtuelle médecine.
La réalité virtuelle pour la chirurgie
Ce secteur est considéré comme le pionnier en ce qui concerne la réalité virtuelle en santé (et augmentée). Dans ce domaine, le temps et la précision sont primordiaux et l’erreur coûte très cher. La réalité virtuelle médecine a changé la donne. Aujourd’hui, il est possible de se former à des protocoles d’intervention complexes, avec ou sans assistance. Ce sont des expériences immersives compliquées à réaliser car les expériences sont aussi nombreuses que le nombre de protocoles à observer. Il existe principalement deux sortes d’expériences :
- L’observation : enregistrement d’une procédure en caméra 360°, domaine qui fait des avancées chaque jour, ce qui permet de cibler de mieux en mieux les points clés des interventions
- L’expérimentation en 3D et cela change tout, car l’expérience est dans la pratique. Et si la précision du geste demandée dans les procédures invasives n’est pas encore au goût du jour (mais ne saurait tarder grâce à l’arrivée des premiers hand trackings), les interventions avec assistances (système de guide, de pinces ou robotique) peuvent être expérimentées quasiment comme dans le réel.
Du côté des patients de façon directe, le marché est tout aussi impressionnant. Puisque l’on va aujourd’hui jusqu’à préparer le patient psychologiquement aux suites de son intervention avec des simulation en réalité virtuelle médecine. Mais la perle en matière d’aide aux patients en chirurgie c’est l’adaptation de l’hypnose médicale.
Antalgie & Analgésie : un outil pour l’hypnose
Plusieurs sociétés ont vu le jour en France et ailleurs partant toutes du même principe. L’hypnose anesthésique et analgésique est complexe à mettre en œuvre. Elle demande un personnel formé et en confiance qui puisse prendre le temps. Or, le temps, aujourd’hui, nous le prenons rarement. Afin de répondre à la problématique, des applications reprenant les principes de rythmique vocale et de visualisation de l’hypnose ont été mises en place. Et c’est un franc succès. Beaucoup de gestes invasifs considérés comme de la petite chirurgie peuvent aujourd’hui se passer d’anesthésie locale. Réduire le stress pré et post opératoire ainsi que la douleur des soins est également une réalité. Cela améliore à la fois la prise en charge et réduit les suites.
Faciliter la rééducation grâce à la réalité virtuelle
Et les suites parlons-en. C’est l’univers de la kinésithérapie qui est ici aidé. Des simulations mettent le patient en situation de marche (par exemple) afin de permettre à son cerveau d’engager le travail plus simplement. De plus, et comme dans le cas de l’analgésie, si la vision est occupée, une partie de la douleur et de l’appréhension du geste passe au second plan. Dans le cadre de la rééducation, ce sont deux facteurs qui posent parfois problème et qui ainsi peuvent être levés.
Certaines études sont également en cours concernant les thérapies miroirs. Elles sont mises en place à la suite d’amputation de membre pour lutter contre la douleur du membre fantôme entre autre. Dans tous les cas, le principe est de faire croire au cerveau que le corps fonctionne normalement et ainsi permettre au système nerveux d’être plus performant sur la globalité du corps. La réalité virtuelle en kinésithérapie, c’est la victoire de l’esprit sur le corps, le coup de pouce en plus.
Réalité virtuelle médecine pour la thérapies & psychiatrie
Et c’est un point qui n’a pas échappé aux professionnels de la psychologie. En effet, de nombreux praticiens des milieux conventionnés ou non se penchent aujourd’hui sur les thérapies par exposition à la réalité virtuelle médecine. Le patient est alors immergé dans un univers qu’il sait fictif et qui, pour autant, l’expose de à sa phobie ou à son traumatisme d’une façon suffisamment convaincante pour lui permettre de la travailler. Ce principe s’applique à diverses phobies (arachnophobie, acrophobie, …) et au syndrome post-traumatique (les premiers tests ayant été validés sur des soldats), des expériences sont aujourd’hui disponibles dans le traitement des troubles obsessionnels, des troubles alimentaires ou encore des addictions.
Le principe est toujours le même : mettre la personne face à son trouble afin qu’elle puisse prendre du recul sur son comportement. La réalité virtuelle médecine ouvre une porte entre le conscient et l’inconscient. C’est utilisé afin d’aider le patient dans ces comportements pathologiques. Là encore c’est un sujet large et de nombreuses études sont en cours sur des sujets variés de la psychiatrie et des thérapies cognitives. Certains se posent tout de même la question des limites éthique de telles thérapies.
Une utilisation dans le cadre de la prévention
De ce côté, le marché est également florissant. Le haut du panier étant garni par la prévention aux gestes de premiers secours. Si les premières itérations étaient parfois un peu simplistes, on assiste aujourd’hui à de véritables simulations. Des mises en situation qui vous transmettent à la fois le geste mais aussi l’émotion. Car oui, lorsque l’on doit gérer une urgence sans en avoir l’habitude c’est un déferlement de stress. Un moment de panique qui peut nous faire perdre tous nos moyens. Dans des cadres aussi vrais que nature, vous pouvez désormais vous entraîner à diverses situations d’urgence où la réflexion s’accompagne d’une gestuelle précise et logique.
Certaines expériences permettent par ailleurs un entrainement mixé à la réalité. Dans le cas de la réanimation cardiopulmonaire, le virtuel est accompagné de mannequins réels. Ainsi, la pratique est plus complète et plus immersive que d’avoir juste à masser un grand morceau de plastique. L’immersion est telle que ce dernier devient une vraie personne. Sur un point de vue prévention, on trouve également de nouvelles expériences dans les entreprises pour la prévention du harcèlement ou du burn-out. Des sujets très populaires en médecine du travail.
Se former grâce à la réalité virtuelle médecine
C’est sur ce même principe que fonctionne la plupart des formations. On n’apprend plus en faisant des jeux de rôles interpersonnels. On laisse les mannequins glauques au placard et avec un casque et ses contrôleurs. Les étudiants de soins (infirmiers, médecins, …) se retrouvent plongés dans un univers au plus proche des patients. Certes, ces derniers ont tout du personnage de jeu vidéo mais le résultat est là.
En médecine, tout est affaire de protocole et de conduite à tenir, qu’il s’agisse de soins ou de relation au patient. Avec des simulations diverses et adaptées, c’est un vaste univers de possibilités qui s’ouvre au domaine de la médecine. Car, mieux encore que de travailler sur les bonnes pratiques, il est aujourd’hui possible de former les praticiens sur des sujets beaucoup plus subtils et tout aussi importants. On trouve des simulateurs d’annonces diagnostics dans le cadre du cancer du sein, mais aussi des simulateurs d’examens ORL permettant de suivre un entretien avec un patient atteint de vertiges. L’importance donnée à la relation avec le patient est mise en exergue dans les deux cas.
Ce qui est déterminant dans toutes ces expériences de transmission d’information c’est que la connaissance qui doit être acquise, est passée sur le ton d’un serious game. Outre l’immersion qui provoque l’émotion, la mise en situation a un véritable enjeu, compléter le scénario. Cette stimulation de notre intellect est d’une importance capitale dans le processus d’apprentissage.
Pour la détente : palliatifs et personnes âgées
Enfin, la réalité virtuelle nous aide à prendre soins des patients. Des expériences sont aujourd’hui disponibles, principalement à destination de nos ainés ou de patients en fin de vie. Elles permettent à ces derniers de sortir de leur quotidien. Souvent sous forme de vidéo 360°, elles invitent au voyage. Pour des personnes dont l’univers est considérablement réduit du fait d’une institutionnalisation ou d’une hospitalisation, c’est la chance de sortir son esprit de la prison du quotidien.
Dans certains cas, l’expérience complétée par défaut de musique et de son, va jusqu’à s’accompagner d’odeur ou de toucher. Cela offre une porte ouverte à l’émotion. Et si ces applications peuvent paraître un peu simplistes, elles sont bien plus utiles qu’une simple sortie. Ces simulations ont été utilisées dans le cadre de perte de l’élan vital dans certains cas. C’est un syndrome grave pouvant toucher des personnes en fin de vie (naturelle ou malade) qui se laissent doucement mourir. L’apport de ces situations aura permis de leur redonner goût à la vie. C’est donc une ode à la qualité de vie qui est ici touchée par la réalité virtuelle médecine.
En conclusion :
De façon générale, le monde médical dans toutes ses facettes voit en la réalité virtuelle médecine un outil de taille. De la visualisation du fonctionnement cellulaire à la thérapie cognitive, de la concrétisation d’un protocole de pointe à l’abstrait des secrets d’une relation d’aide, c’est un monde de possibilités qui s’est offert à la médecine moderne. Toutes les études vont dans le sens d’une efficacité réelle et significative tant pour les patients que pour les apprenants. Le marché a donc le vent en poupe et les opportunités ne manquent pas. Aussi bien pour faire avancer le bien-être des patients que les bonnes pratiques des soignants. Seul petit bémol peut-être, la vision toujours faite par le haut délaissant des sujets parfois importants (l’hygiène hospitalière par exemple). Mais la porte vient juste de s’ouvrir et l’avenir promet d’aller encore bien plus loin.